Beauté et images numériques : l’impact des images retouchées  

Source d’inspiration pour les hommes et les femmes de tous âges, le monde de la beauté fait rêver, mais il fait trembler aussi. En effet, les images sublimées de modèles retouchés et sans défauts, envahissent jour après jour magazines, affiches et écrans de toutes sortes.  Ces images retouchées expriment une quête d’idéal dont les limites semblent sans cesse repoussées : visage idéal, corps idéal, des visages et des corps qui n’en finissent plus de rajeunir et de mincir, d’éliminer la moindre trace d’imperfection au quotidien… Images parfaites d’une vie qui se voudrait parfaite.  

Réseaux sociaux, magazines, pub TV, blogs,… la profusion d'images est telle qu'il est courant que les photos sur papier glacé ou publiées en ligne soient retouchées d'une manière ou d'une autre. La modification de ces images peut aller de la simple retouche plutôt courante : blanchiment des dents et des yeux, lissage des rides et effacement des imperfections, à une modification beaucoup plus radicale de l’image : allongement des membres, amincissement de la taille, des cuisses et des bras, redéfinition du contour du visage. 

  

Les images modifiées ont-elles un impact sur l'estime de soi ?  

D'un point de vue socioculturel les médias imposent largement l’idée que la beauté doit correspondre à un idéal. Hors, des recherches approfondies confirment que l'exposition répétée à des visuels représentant des corps idéalisés peut engendrer une modification de l’image de soi.  

Ce phénomène de dépréciation de l’image de soi est souvent observé chez les jeunes femmes et les adolescentes, mais des phénomènes similaires ont également été remarqués chez les quarantenaires et les cinquantenaires. Ainsi, la mise en avant de «beautés vieillissantes»`répondant aux mêmes «codes beauté» de taille et de poids que les modèles plus jeunes, a entraîné l'apparition de troubles de l’alimentation ou de choix alimentaires plus stricts chez les femmes de 30 à 65 ans.  

Cela ne veut pas dire que les images sont reçues passivement et sans critique par le grand public. Au contraire, les images sont interprétées, critiquées, voire rejetées. Cependant, un idéal de beauté de plus en plus mondialisé et homogénéisé émerge, accordant une importance toute particulière à la minceur et à la jeunesse. Voilà de quoi rendre les plus solides d’entre nous, mécontents de leur apparence physique…  

       

Miroir, mon beau miroir ...  

Être parfait et faire baver d’envie ceux qui ne rentrent pas dans le moule stéréotypé de la beauté mince,  jeune et galbée, voici ce à quoi nous habituent les images déformées relayées inlassablement par les médias et les réseaux sociaux.  

La beauté des uns réside dans le regard des autres… Les regards jaloux, blasés, ou attristés s’attardent longuement sur l'illusion d’une beauté parfaite. Cela n’améliore pas vraiment l’image de soi.  

Or, l’image négative de soi constitue un aspect central du mal-être psychologique, et elle peut engendrer des effets négatifs plus ou moins sérieux : comportements alimentaires dysfonctionnels, addiction à la chirurgie ou à la médecine esthétique, difficultés émotionnelles, dépression.  

Le charme d’une séduction trompeuse est un piège incroyable.  Mais comment résister quand nous sommes bombardés d’images à la perfection illusoire ? Des images sublimées et idéalisées pour lesquelles, l’instant d’une photo, l’impossible est devenu possible. Car la retouche vient à bout de toutes les imperfections pour modifier ce que la nature n'a pas donné : dents blanches, peau zéro défaut, bouche pulpeuse, corps long et fin, chevelure incroyable, taille de guêpe, poitrine généreuse, courbes de rêve...  

Oui, comment résister à ce rêve de perfection ? En particulier quand le rêve devient accessible au plus grand nombre depuis que  les retouches d'images ne sont plus réservées aux seuls photographes, et que les applications de retouches photos comme Photoshop ou les filtres Snapchat et Instagram permettent à tous ceux qui le souhaitent « d’améliorer » leur image.

Instagram Versus Reality : ou quand on est mieux sans retouche !